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Les terroirs alsaciens révélés par le rielsing

5 novembre 2006 : dernière étape du week-end 2006 consacré au riesling, une dégustation à l’aveugle de rieslings grand cru a permis d’aborder la minéralité des différents terroirs sans aucun a priori. Hébergé au dernier moment chez Paul Ginglinger à Eguisheim, les participants ont pu se rendre compte des variations de style données par la géologie et le climat de chaque terroir, mais aussi l’influence du millésime et du vinificateur. Comme à chaque dégustation à l’aveugle, des grandes bouteilles sont sorties du lot.

Première série : granit et calcaire sur le millésime 2002

La surmaturité des deux cuvées ne masque pas la différence d’origine des vins, le calcaire du Moenchberg apportant une touche d’amplitude en bouche que le granit du Wineck ne peut apporter, même avec du sucre résiduel.

Riesling Grand Cru Wineck-Schlossberg 2002 – Vincent Spannagel : la robe est dorée, le nez floral révèle des notes de fleur d‘églantier, de miel et de fruits jaunes. L’attaque en bouche est fine et moelleuse, puis le vin se montre ample, fruité avec une belle salinité. La finale montre de la dureté dur à une petite réduction. Un vin mur, ample et de bonne densité, à attendre. Bien

Riesling Grand Cru Moenchberg 2002 – Albert Maurer   : La robe dorée laisse place à un nez mur, typique également du millésime 2002, montrant une légère évolution et des arômes de caramel. L’attaque en bouche est moelleuse, puis ample et grasse (on devine une fermentation malolactique), avec une acidité qui se montre plus facilement en bouche, sans enlever le caractère souple du vin. Un vin à boire. Bien

Deuxième série : granit et calcaire, même producteur, millésime différent

Une série qui va tourner court à cause de  la défection d‘une des deux cuvées. La précédente tentative de comparaison sur ces deux vins avait également échoué car le Furstentum était bouchonné.

Riesling Grand Cru Furstentum 2001 – Cave de Kientzheim : le vin se montre léger, floral au nez avec une bouche souple et acidulée. Pas en grande forme, un problème lié au bouchon ? Bof

Riesling Grand Cru Schlossberg 2002 – Cave de Kientzheim : Le vin est malheureusement bouchonné.

Troisième série : granit et calcaire, même producteur, même millésime

La même paire de terrains depuis le domaine Paul Blanck montre un écart de style beaucoup plus marqué. Profondeur et puissance sur le Furstentum, finesse et verticalité de l’acidité sur le Schlossberg. Le groupe reconnaît chaque terroir sans peine à l’aveugle.

Riesling Grand Cru Furstentum 2002 – Paul Blanck : Le nez est parfumé, ouvert, avec des arômes de pain grillé, évoluant vers des fruits exotiques et des fruits acidulés. La bouche est moelleuse en attaque, grasse et légèrement sucrée, évoluant vers une structure dense, complexe et puissante, l’acidité se manifestant progressivement pour accompagner la longue finale. Un vin déjà très équilibré en bouche. Gros potentiel de bonification au vieillissement. Excellent

Riesling Grand Cru Schlossberg 2002 – Paul Blanck : Le premier nez est marqué par des fruits exotiques dont l’ananas, évoluant à l’aération vers plus d’intensité et dévoilant des notes de fumée et de silex. La bouche est assez vive en attaque, très fine et minérale avec un très léger moelleux (7g/l de sucre résiduel) qui laisse rapidement la place à une longue finale acidulée sur des arômes de citron vert. Un beau Schlossberg qui arrive doucement à maturité. Très Bien

Quatrième  série : terroirs calcaires en 2003, producteurs différents

Retour sur des calcaires, avec des régions différentes. Le Steinklotz orienté au Sud est au Nord de la région, le Steinert orienté à l’Est quasiment au Sud. Une interprétation des terroirs dans un millésime atypique.

Riesling Grand Cru Steinklotz 2003 – Romain Fritsch : Le nez typé montre des arômes de fleurs et une note de résine de pin. La bouche se montre ample, moelleuse en attaque avec une minéralité marquée et de la rondeur. L’ensemble est de bonne densité, mais sans beaucoup d’éclat. Bien

Riesling Grand Cru Steinert 2003 – Pierre Frick : Le nez est plus discret, floral avec des notes d’amande, de beurre et de fleur d’oranger à l’aération. La bouche est moelleuse en attaque, puis grasse avec une bonne maturité, évoluant avec une bonne acidité et une légère amertume sur des notes de miel et d’amande en finale. (13.2% alc., 14g/l de SR) Bien

Cinquième série : Même producteur, millésime et terroir, parcelles différentes au sein du même grand cru

Les 50 grands crus sont suffisamment larges pour qu’au sein même de chaque cru, les lieux-dits fassent la différence. Sur le Grand Cru Brand, le lieu-Dit Brand mis en bouteille séparément par Armand Hurst montre le caractère spécifique de la parcelle qui a donné son nom au terroir de renommée. Avant la classification, toute la partie Ouest du Cru (les coteaux de l’Eichberg et du Kirchberg), tout comme la partie Est (Schneckelsbourg) n’étaient pas définis comme des « Brand ». La démonstration est évidente, même sur un millésime délicat comme 2003.

Riesling Grand Cru Brand Schneckelsbourg 50cl 2003 – Armand Hurst : La robe est or pâle avec de légers reflets verts. Le nez est net, discret et minéral, évoluant sur des notes de fumée. La bouche est sèche, croquante avec une légère amertume apportée par des tanins. La finale est sèche, voire asséchante. Une cuvée qui manque un peu de peps. Bien

Riesling Grand Cru Brand Numéroté 50cl 2003 – Armand Hurst : La robe est or blanc, avec de légers reflets verts. Le nez est parfumé, délicat et floral avec une pointe de fumée. La bouche est minérale, sèche avec une belle vivacité, évoluant gras et fruité, avec une belle longueur. L’ensemble a du relief et se montre d’une grande finesse. Très Bien

Sixième série : Calcaire Muschelkalk en 1999

Retour sur les calcaires du Muschelkalk avec deux expressions Nord/Sud distinctes. Le point commun des deux cuvées est leur fraîcheur et leur équilibre.

Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 1999 – Seppi Landmann : Le nez est assez discret avec des notes de silex, de poire. La bouche est vive, grasse avec beaucoup de finesse. L’acidité prend un coté salin sur la langue, et la finale est très longue. Voilà un vin sec et mûr, certains diront réalisé à l’ancienne, qui possède beaucoup de finesse. Une grande garde prévisible pour cette cuvée. Très Bien.

Riesling Grand Cru Engelberg 1999 – Maurice Heckmann : Le nez est parfumé, minéral avec des notes de miel, d’encaustique et de fleur d’acacia. La bouche est légèrement moelleuse en attaque, puis dense et minérale avec de la profondeur et du gras. L’acidité est fondue mais bien présente, ce qui donne beaucoup d’élégance au vin. Très Bien

Sixième série : Calcaire et Grès en 1999

Nouvelle inflexion qui sert de test final aux participants. L’ampleur et le gras de l’Altenberg sont repérés tout de suite, confirmant la présence d’un terroir calcaire.

Riesling Grand Cru Altenberg de Bergheim 1999 – Gustave Lorentz: Le nez est parfumé, minéral avec des notes de fleurs blanches. La bouche est ample en attaque, puis profonde, puissante avec une bonne concentration. La finale st longue pour cette bouteille qui se goûte magnifiquement bien aujourd’hui. Une belle expression de l’Altenberg. Excellent

Riesling Grand Cru Pfingstberg 1999 – Valentin Zusslin : Le nez est complexe, passant par palier par des arômes de fleur d’acacia, de camphre, d’hydrocarbures et de fumée avec une légère surmaturité. La bouche est grasse, ample et sèche en attaque, moyennement concentrée avec beaucoup de finesse et une finale très pure qui reprend les arômes du nez. Très Bien

Dernière série : surprise des hôtes

Pour finir la dégustation à l’aveugle en beauté, Michel Ginglinger nous offre deux de ses grands crus dans une année mûre. Là où la finesse et la puissance de l’acidité du Pfersigberg donne du relief jeune, après plus de 10 ans d’âge l’Eichberg révèle toute sa finesse et son caractère. De subtiles variations de terroirs calcaires donnent des équilibres une nouvelle fois très distincts.

Riesling Grand Cru Pfersigberg 1995 – Paul Ginglinger : la robe présente encore des reflets verts. Le nez est minéral, évolué, avec des arômes de citron, de fruits secs et d’encaustique. L’attaque en bouche est riche, ample et acidulée, puis le vin se montre profond,  avec une charpente acide de bonne tenue face à la concentration du vin. Beaucoup de richesse et d’ampleur dans ce flacon à maturité. Très Bien
 
Riesling Grand Cru Eichberg 1995 – Paul Ginglinger : La robe se montre encore pâle. Le nez est complexe avec des arômes de fruits mûrs, de silex et de pain grillé. La bouche est ample, concentrée en attaque puis sèche avec une évolution plus souple. L’ensemble est élégant, peut-être plus fondu à ce stade que le Pfersigberg, mais remarquable de pureté et de fondu. Un grand riesling.

La ballade alsacienne du riesling au travers des terroirs, des millésimes et des producteurs a permis de vérifier la très grande variété des équilibres, mais le coté interactif de la session de dégustation à l’aveugle a également montré l’aptitude de tous les participants à découvrir par eux même les caractéristiques minérales d’un vin de terroir. Les différences sont suffisamment grandes pour que même ceux qui se disent non-experts puissent les détecter.

Thierry Meyer

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