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Les Vins du Mois de Mai 2010

Compte rendu des vins dégustés en Mai 2010 à différentes occasions, dont un sublime Saint Emilion Château Cheval Blanc 1985

Arbois Vin Jaune "En Spois" 2003 – Stéphane Tissot : les cuvées parcellaires du millésime 2003 en Arbois Vin Jaune sont enfin arrivées, et font couler beaucoup d'encre. Entre la cuvée classique qui se retrouve un peu moins étoffé (ne me dites pas B&B 96… 🙂 et les deux nouvelles cuvées "Les Bruyères" et "En Spois", cette dernière offre aujourd'hui le plaisir le plus grand, avec une concentration, une profondeur et une pureté qui repoussent loin le vieux style considéré comme classique des jaunes en AOC Arbois, rustiques et oxydés. Aromatiquement, on reste sur un goût de jaune avec des arômes très volatiles sur l'éthanal, mais très fin avec des notes de fruits à chair blanche, de noix fraîche, de fleurs jaunes, et surtout du gras en bouche. Si le nez ne vous indique pas la qualité du vin, en mesurant la longueur en bouche la comparaison avec un autre jaune sera flagrante. Pas donné à 40€ le clavelin, mais excellent, et finalement, ce n'est que deux fois plus cher qu'un jaune d'entrée de gamme si on écarte les vins de GMS. Excellent
 
Crémant du Jura – Stéphane Tissot : c'est beau, c'est bon, c'est … Tissot : un crémant abouti comme rarement, vineux et d'une grande finesse avec un fruité qui ressort d'autant mieux que le crémant est peu dosé. Buvable n'est pas suffisant pour qualifier ce vin… Très Bien
 
Moût de raisin partiellement fermenté PMG 2006 – Stéphane Tissot : Ce n’est pas officiellement du vin, mais on fera comme si… Impensable de boire ce paille de savagnin et poulsard à plus de 500 g/l de sucre résiduel sans avoir peur de la liqueur, et pourtant, c'est admirablement doux en bouche avec un coté crémeux qui ne donne pas du tout dans la lourdeur. Bon, quand même, 4cl de ce nectar qui coule sans bruit dans le verre sont largement suffisants pour se faire plaisir toute une soirée. Très Bien
 
Vin de Savoie Jacquère 2007 – Dupasquier : un vin franc et salin que j’aie bien boire quant un p’tit coup de blanc s’impose La jacquère quand elle est mure produit un vin délicieux, sec et légèrement salé, avec une fine amertume en finale. Bien
 
Muscat Grand Cru Goldert 1988 – Zind-Humbrecht : la couleur Claire et l’apparente légèreté de ce vin cachent un grand vin de terroir au nez parfaitement frais, sur le sureau avec une note fumée et beurrée, dense en bouche avec une grande pureté et une finale plus acidulée. Le lent vieillissement des 88 en général en Alsace  est parfaitement illustré par ce vin qui pourrait accompagner des asperges. Excellent
 
Muscat Goldert 1971 – Zind-Humbrecht : le vin se montre en pleine forme, avec un nez complexe qui prend des notes de beurre, d’herbe séchée, de menthe sèche puis de fumée et de fruits secs. La bouche est ample, grasse et profonde, la belle maturité laissant toute la place au terroir pour charpenter l’équilibre. Un vin magnifique qui se conservera encore quelques dizaines d’années, même s’il n’a pas la trame aussi puissante que les superlatifs 1966 et 1967. Excellent, voire beaucoup plus
 
Côte Rôtie Champin le Seigneur 1999 – Gérin : un grand Côte Rôtie à maturité, au nez encore marqué par un boisé léger et des notes d’olive et de fumée. Les tanins sont fondus mais la charpente du vin évoque plutôt Cornas que Côte Rôtie. Une belle cuvée qui sublime un filet de bœuf. Très Bien
 
Sylvaner Finkenbrg 2008 – Maurice Heckmann : produit par une vieille vigne sur le Finkenberg d’Alvolsheim, c’est un magnifique vin frais et léger, acidulé avec une note d’amande en bouche. Le réchauffement du verre apporte des notes florales très agréables et une fraîcheur. Parfait à table au printemps servi frais. Très Bien
 
Hermitage rouge 2002 – E. Guigal : un Hermitage qui a parfaitement bien évolué, les petits rendements et l’inclusion des parcelles rentrant généralement dans la cuvée ex-Voto lui donnant du corps malgré le millésime difficile. La robe est profond et peu tuilée, les notes épicées du nez sont encore complétées par un fruité généreux, et la bouche se montre assez charnue avec un caractère lardé présent. Très Bien
 
Morgon Descombes 2002 – Duboeuf : le fruit est encore présent, mais le vin semble en phase transitoire entre le vin jeune et le morgon qui morgonne. Après une journée d’aération, le vin se réveille et reprend les notes entêtantes de violette de cassis de sa jeunesse, avec un surcroit de complexité en ouche. Un beau vin qui donne le change à l’Hermitage 2002 de Guigal. Très Bien
 
Saint Joseph blanc 2004 – E. Guigal : le nez offre une palette de fruits à chair blanche  qui évoque la marsanne, avec une note boisée fondue. La bouche est dense, acidulé avec du gras, sur un équilibre sec qui termine légèrement asséchant. Un beau saint joseph que j’avais acheté prou son acidité digne d’un riesling alsacien, mais qui revient sur un style plus rhodanien après quelques années de garde. Très Bien
 
Pinot Gris Marken 2004 – Stentz-Buecher : marqué par le millésime, c’est un vin riche doté d’une bonne pureté dont le moelleux encore sensible commence à se fondre. Difficile à accorder à table en l’état. Bien.
 
Chiroubles 2002 – Domaines Desmures : un vin fin dont le bouquet a gagné en complexité à défaut de conserver la pureté fruitée de son origine. La texture est veloutée en bouche, pour un vin qui a bien évolué. Bien
 
Champagne Brut Pommery : vineux, riche et sensiblement dosé, c’est un champagne facile à boire, peut-être trop dosé pour accompagner le bouquet de crevettes de l’apéritif. Bien
 
Saint-Emilion Château Cheval Blanc 1985 : c’est le genre de file unique qu’on conserve en cave pour une bonne occasion, et après avoir hésité entre le partager à 18 lors d’une soirée dégustation, ou le boire entête à tête avec mon épouse, je n’ai pas hésité le soir venu. La robe est d’un rouge profond légèrement tuilé sur les bords, avec une bonne brillance. Le nez est ouvert, intense et de bonne complexité avec des arômes de suie, de lard fumé, agrémentés d’une pointe de poivron rouge, d’épices et de réglisse. La bouche est tendre, de grande concentration avec des tanins d’un velouté remarquable. La longueur en bouche est bonne laissant une impression de soyeux qui appelle rapidement une autre gorgée. Deux tranches de faux filet parfaitement rassis, juste poêlées et agrémentées de sel et poivre ont fourni un accord magnifique avec le vin. Du grand Saint-Emilion, ou comme diraient les anciens, le petit Jésus en culotte de velours ! La vie est belle… Excellent
 
Riesling Vendanges Tardives 1998 – Domaine Weinbach : une bouteille de 37.5cl  au contraste étonnant entre un nez légèrement fatigué, sur la cire et la pomme cuite, et une bouche fraîche, combinant une acidité fine avec un moelleux parfaitement intégré, laissant une impression de salinité fine en fin de bouche. Bien
 
Riesling Brandluft 2004 – E. Boeckel : un vin typique du millésime, récolté riche avec une maturité moyenne, et ayant conservé une dose encore sensible de sucre résiduel. Les arômes de gentiane prennent une note fumée avec l’âge, mais l’ensemble reste encore simple. Le Brandluft préfère les millésimes plus chauds. Bien
 
Pinot Noir Gaensbrunnen 2002 – Cave de Pfaffenheim : un flacon malheureusement bouchonné.
 
Pinot Noir Les Terres Rouges 2003 – E. Boeckel : un pinot noir de beau terroir marqué par un joli toasté au nez, puissant en bouche avec des tanins gras et des arômes de fruits noirs.  L’ensemble se montre légèrement rustique sur ce flacon qui devrait continuer à bien évoluer dans le temps. Très Bien
 
Pinot Noir l’Exception 2005 – Cave de Kientzheim : un pinot noir extrait et boisé qui manque de fond à ce stade, les tanins asséchant une bouche sans ampleur. La bouteille, le nom de cuvée et le millésime semblaient pourtant ambitieux. Bien
 
Bugey les Fleurs de la Côte 2005 – Domaine de Soléyane : assemblage de chardonnay et de jacquère, le vin est sec, gras, avec des notes de fleurs séchées et de fruits à noyau marqués par une légère évolution. A terminer. Bien
 
Alsace 2007 – Etienne Loew : les bouteilles se montraient plus ternes cet hiver, mais avec le retour du printemps le vin se réveille de nouveau : les arômes frais portés par le muscat dans l’assemblage laissent place à une bouche riche, fruitée et pure, avec un moelleux léger qui se montre présent. A boire frais à l’apéritif ou sur des asperges, ou plus tempéré sur un dessert au fruit. Un vin estival finalement. Bien
 
Champagne Rosé Billecart-Salmon : un champagne modérément dosé, net avec un nez de petits fruits rouges très agréable, qui possède une bulle fine et de la vinosité. Un succès mérité même si le prix commence à dérailler sec, comme de nombreuses grandes cuvées de champagne. Très Bien
 
Sylvaner Bollenberg 2008 – François Schmitt : une cuvée issue de vieille vigne et vinifiée sec qui a donné un grand vin profond comme le Bollenberg sait l’être, pur avec une longue finale. Un vin superlatif parfaitement équilibré. Très Bien
 
Hermitage Blanc 2004 – E. Guigal : un hermitage superlatif, d’autant plus qu’en 2004 il inclut les vignes qui entrent dans la cuvée ex-voto. Le nez est déjà ouvert, anisé avec des notes beurrées et fumées, la bouche est profonde, dense avec cette précision de l’acidité  que les hermitages blancs savent montrer. Une belle bouteille. Très Bien
 
Vin de pays des collines rhodanienne Saxeolum 2005 – L. Chèze and Co : la syrah mûre du millésime 2005 regorge d’arômes de fruits noirs et d’épices, la bouche est charnue, chaleureuse et onctueuse avec des tanins gras. Une cuvée magnifique. Très Bien
 
Saint Joseph Lieux-dit Saint Joseph 2003 – E. Guigal : la concentration de ce vin récolté très mûr n’a d’égal que la puissance de son élevage sous bois, les notes fumées et toastées  faisant concurrence aux arômes de prune et de  mûre. La bouche est concentrée, limite sirupeuse avec du gras et un touche de bouche soyeux. Magnifique sur des magrets de canard cuits sur la braise. Très Bien
 
Pinot Gris Altenbourg Vendanges Tardives Trie Spéciale 2008 – Domaine Weinbach : cuvée au nez rôti complexe, moelleuse en bouche avec une acidité intense qui vient affiner la liqueur. Longue finale sur la bergamote, le beurre caramélisé et le citron confit. Un vin d’une fraîcheur remarquable, qui fut parfait pour canaliser l'acidité d'une tarte de saison à la rhubarbe. Excellent (105 g/l SR)
 
Sylvaner 2004 – Laurent Barth : premier millésime pour Laurent tout juste sorti de son contrat de coopérant, et un sacré vin qui tient bien au vieillissement. Le nez est pur, net sur les fruits blancs avec une note beurrée qui trahit j’imagine l’élevage réalisé pour partie en barrique. La bouche est sèche, dense avec du gras, évoluant sur une belle acidité gourmande. Un vin à l’équilibre sec harmonieux, qui évolue très bien. Bien
 
Riesling Grand Cru Rangen 2007 – Wolfberger : un grand terroir sur un grand millésime ont donné un vin riche et de bonne pureté. Les arômes de fruits mûrs laissent la place à une bouche marquée par une légère douceur, terminant sur des amers façon pamplemousse rose. Un vin à garder 2-3 ans pour que l’ensemble se fonde et puisse accompagner un repas. Bien
 
Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2001 – Jean-Louis Schoepfer : la robe est pâle avec des reflets verts, inhabituel pour un gewurztraminer sur ce terroir dans une grande année comme 2001. Le nez est épicé, marqué par une évolution avec des notes de rosé fanée, de feuilles mortes et d’encaustique qu’on aime retrouver dans les 1983 et autres 1976. La bouche est légère, sèche avec un degré d’alcool assez sensible. Un vin qui manque de corps compte tenu de son pédigrée, et qui a évolué rapidement. A terminer sur une cuisine épicée, voire asiatique. Bof
 
Pinot Noir rosé 2008 – Cave de Beblenheim : la fraîcheur acidulée des petits fruits rouges si plaisante l’année dernière s’est légèrement estompée, le vin prenant un poil de gras supplémentaire. L’ensemble se boit bien sur les premières tables estivales, mais je finirai mon carton cet été pour ne pas prendre le risque de voir ce vin évoluer trop. Bien
 
Pinot Noir 2004 – Laurent Barth : un pinot  récolté mûr, bien  vinifié et parfaitement élevé, au nez de fruits rouges avec une note fumée, élégant en bouche avec un fruité acidulé qui trahit la fraîcheur du millésime. Malgré tout les tanins sont murs et fins, et le vin conserve une belle charpente. Moins corsé que la cuvée M originaire du Marckrain, c’est un vin qui supporte une pièce de bœuf grillée, et qui se conservera encore bien. Bien
 
Riesling Hommage à Jean Hugel 1998 – Hugel et Fils : une demi bouteille en petite forme malgré un bouchon liège de bel aspect : le nez est oxydatif, sur la cire, la pomme cuite et des traces de verveine citronnée. La bouche est suave avec un moelleux encore présent, minéral avec la finesse des beaux rieslings demi-sec élevés sur les grands terroirs. Dommage que le nez soit fatigué sur cette bouteille, espérons qu’il ne s’agisse que d’un cas isolé, et que l’hommage rendu reste digne. Bien

Thierry Meyer

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