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Les Vins du Mois de Juin 2011

Compte rendu des vins dégustés en juin 2011 à différentes occasions, dont un légendaire Gewurztraminer Grande Réserve 1961 de la Maison Trimbach

Pinot Blanc Zellenberg 2000 – Marc Tempé : un rescapé des premiers millésimes de Marc, où  la surmaturité était souvent de mise. Le bouchon est complètement imbibé mais la bouteille n’est pas couleuse. Le nez est encore frais avec une légère évolution qui apporte son lot de notes fumées. La bouche est ample avec du gras, un très léger moelleux bien intégrée et une finale nette. S’est bien conservé. Le Pinot Blanc « Priegel » était d’un tout autre calibre, même si depuis le millésime 2004, les deux cuvées sont réunies dans la cuvée Zellenberg. Bien

Savigny les Beaune 1997 – Domaine Thomas : un vin clairement dans la catégorie des flacons à finir rapidement, le fruité frais résiduel s’estompant au profit de notes de fruits cuits et de fruits à l’eau de vie. La bouche est souple, de bonne concentration avec des tanins fondus, mais possède une acidité certaine. Bof

Mazis Chambertin Cuvée Madelaine Collignon 1996 – Domaine Thomas : une cuvée des Hospices de Beaune élevée par l’ancienne maison Thomas Moillard, qui conserve la race du cru avec l’acidité du millésimé. Une canard aux cerises devait être parfait pour équilibrer l’acidité du vin. Bien

Pommard 1er Cu Les Fremiets 1999 – Lucien Boillot : tendre, très mûrs physiologiquement, abouti, mais bouchonné. Très Très Frustrant

Chambertin Clos de Bèze 2001 – Domaine BART :  Une robe claire, des arômes d’une jeunesse incroyable, une bouche corsée, tannique et d’une grande finesse, voilà un très grand vin en devenir. Excellent

Grüner Veltliner Alte Reben 2005 – Weingut Nigl (Kremstal, Autriche) : gras et onctueux, c’est un vin sec qui possède encor eune touche de gaz, dans un style très mur (13.5 d’alcool, élevé pour un GV). Les arômes fruités et épicés sont très agréables à table. Très Bien

Riesling Clos Sainte Hune 1999 – Trimbach : Certains vins ont le pouvoir de combiner une belle buvablité avec la notoriété que leur inflige une étiquette connue. Dans les série des Clos Ste Hune actuellement superbes à boire, le 99 est un modèle du genre : le nez est finement naphté, avec des notes de beurre et de fleurs blanches complétées par un bouquet fumé que certains appelleraient pétrolé. La bouche est dense et profonde, sèche avec du gras. Un vin parfait à boire à table, mais un verre bu pour lui seul constitue un bon apéritif. Excellent

Muscat 2010 – Frédéric Mochel : frais et croquant, délicieusement fruité avec de la chair, c’est l’archétype du muscat d’apéritif, un art dans lequel la maison Mochel excelle. Très Bien

Pinot Gris Vieilles Vignes 2010 – Armand Gilg : sec, gras et frais, avec la maturité et l’acidité forte du millésime, c’est un vin rafraichissant. Très Bien

Gentil 2010 – Hugel et Fils : le nez est frais, fin, moyennement intense, avec des arômes de fleurs printanières. La bouche est serrée, marquée par la mise récente. L'aération lui fait du bien, apporte de l'intensité aromatique et de la chair en bouche. A carafer impérativement. Bien

Riesling Les Princes Abbés 2008 – Domaines Schlumberger : le nez parait évolué avec des notes fumés qui complètent les arômes d'agrumes frais. La bouche est franche en attaque, mais fatigue rapidement et prend un caractère plus mou. Une bouteille fatiguée et un vin qui méritera d'être redégusté pour confirmer qu'il s'agit d'un problème ponctuel. Bof

Volnay 1er Cru Clos des Angles 1997 – Olivier Leflaive : un joli fruit persiste malgré l’âge et le millésime, même si à l’aération les fruits cuits et le kirsch commencent à faire leur apparition. La bouche est corpulente, souple avec des notes de fraise écrasée et de réglisse sur une trame tannique grasse et fondue. A boire sans tarder. Bien

Pinot Gris Cuvée des Prélats 2010 – Paul Ginglinger : une belle charpente acide et du gras complètent un équilibre mur et concentré, avec une légère douceur qui se fait très discrète. Un vin gourmand, délicieux bu frais dès à présent mais qui supportera une garde de quelques années. Bel accord sur des rognons poêlés à la moutarde ancienne. Très Bien

Vouvray sec le Mont 2009 – Domaine Huet : je ne bois que trop rarement les grands chenins de Loire, et c'est dommage tant un palais habitué aux terroirs alsaciens se délecte de la finesse des vouvrays secs. Le nez est aromatique, délicat, avec des notes d'amande douce, de fleurs blanches et de fumée. La bouche est tendre, ample avec du gras, moins minérale que l’étiquette le laisserait penser. Un superbe vin qui arrive u niveau des grands Alsace. Excellent

Saint Joseph Vigne de l’Hospice 2001 – E. Guigal : une cuvée résolument très haut de gamme, malgré son peu de notoriété chez de nombreux amateurs, qui courent après les monocrus de Cote Rotie sans se rendre compte que le domaine a là probablement son plus beau rapport qualité prix. Le nez est marqué par des arômes de suie, de fruits noirs, de lard fumé avec une pointe de violette qui apparait à l’aération. La bouche est droite, dense et pure, initialement ferme avec des tanins très 2001 qui structure le vin et lui donnent une touche médocaine intéressante. Mais l’ensemble gagne en souplesse après 1 heure de carafe, et le vin ressemble alors plus à un Cote Rotie qu’à un Cornas. Millésime recherché des amateurs de tanins riches, ce 2001 est à maturité et particulièrement savoureux sur de l’agneau. Excellent

Muscat Moenchreben 2004 – Rolly-Gassmann : un nez parfumé qui présente une évolution, une bouche légère et fine, malgré le gras et une richesse très présente. Le vin est dans un phase intéressante où son moelleux et son acidité des jeunes années sont désormais fondus, laissant place à un équilibre fin et à des arômes plus complexes. Un vin plus complexe qu'un jeune muscat d'apéritif, qui fait merveille sur une cuisine aux herbes, comme ce basilic frais qu'on parsème sur des belles tomates agrémentées d'un peu de mozzarella… Bien

Crémant d’Alsace chardonnay extra brut 2005 – René Muré : fin et élégant, le crémant se montre parfait près de 8 mois après son dégorgement : des arômes de fruits à chair blanche, de brioche et de biscuit sont accompagnées par une très légère note boisée. La bouche est équilibré, délicate en attaque avec une bulle très fine et une mousse compacte qui dégaze lentement, puis fraîche et pure avec toujours cette tendresse de la bulle. C'est un crémant de caractère qui se montre sous un jour élégant. Probablement un des plus grands crémants d'Alsace jamais produit. Excellent

Gewurztraminer Grande réserve 1961 – Trimbach : si les millésimes anciens sont des loteries, certains domaines tirent souvent mieux leur épingle du jeu, grâce en particulier à un effort important réalisé sur le bouchage. Le trio des grands producteurs négociants Beyer-Hugel-Trimbach s'est régulièrement distingué par de très grands flacons sur la décennie des années 60, décennie légendaire s'il en est, tant les grands millésimes se sont enchainés dans une Alsace en pleine trente glorieuse, produisant ses meilleurs vins sur les plus beaux coteaux de la région, avec des rendements encore modérés. Ce flacon acquis en 2006 lors de la vente aux enchères de la confrérie St-Etienne a séjourné plus de 40 ans dans la même cave de la Confrérie. Le niveau dans le flacon est très haut, environ 3cm sous le bouchon. le bouchon est humide mais a conservé une bonne élasticité qui lui donne encore une forme conique après l'avoir sorti en un seul morceau. La robe est magnifique, pas du tout sur les nuances vieil or voire orangé qui caractérisent les vieux vins un peu fatigués, mais plutôt sur un jaune citron légèrement doré, lumineux, éclatant et très brillant. La robe ne bougera pas à l'aération, conservant son éclat. Le premier nez est très typique des gewurztraminers de cette époque, fermé et moyennement intense avec des arômes de cuir, d'épices grillées, de fleurs séchées, et il faut un bon quart d'heure d'aération dans le verre pour que le vin retrouve un bouquet plus frais, rajoutant à la trame épicée et fumée d'agréables notes de miel et de fruits secs. La  bouche est très aboutie, avec une belle maturité du raisin qui apporte de la chair, tout en conservant un équilibre quasi sec. Il fallait attendre longtemps pour récolter des vins de cette maturité, et pourtant à l'époque les degrés n'étaient pas si hauts que cela. le résultat est un vin ample et profond, qui possède du corps et un équilbre minéral d'une grande jeunesse. Loin d'être fatigué, c'est une cuvée qui se conservera encore 20-30 ans sans fléchir. Dégusté sur une sélection de fromages affinés par Maître Jacky Quesnot, la fin de repas fut bien entendu sublime… Il y aura une nouvelle vente aux enchères et automne à Kientzheim. Si des 1961 sont proposés, le jeu en vaut largement la chandelle. Exceptionnel

Thierry Meyer

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