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Dîner Strasbourgeois entre DCiens

Dîner Strasbourgeois entre DCiens
14 Octobre 2005

La veille de la journée consacrée au domaine Zind-Humbrecht, j’ai profité pour rassembler les amateurs inscrits lors d’un dîner Strasbourgeois, sans aucun vin du domaine Zind-Humbrecht bien entendu ! Les vins sont goûtés à l’aveugle.



Une mise en bouche s’impose autour de quelques canapés avec un Crémant d’Alsace. Cuvée officielle que je déguste pour arroser la naissance du dernier né de la famille Meyer…


Crémant Brut NV – Domaine de l’Ancien Monastère : un crémant foral, fruité et sans aspérité, qui se boit facilement lorsque la température dépasse les 10 degrés. Trop froid, l’alcool tend à monter un peu trop. Un candidat idéal à l’apéritif en quelque sorte. Bien


Puis on attaque le saumon cru mariné au citron et à l’aneth sur deux rieslings 2002.


Riesling Zellenberg 2002 – Marc Tempé : la robe est très brillante avec des reflets dorés. Le nez est très mur, avec du miel, de la citronnelle, et des fleurs blanches derrière ce mur de surmaturité. Le nez laisse présager une bouche légèrement moelleuse, mais le vin se montre sec, minéral et très sapide, avec une légère amertume en finale. Beaucoup de pureté dans ce vin très typique du style mur et sec des rieslings en 2002. Un vin qui va probablement s’affiner légèrement dans les 2-3 ans, puis se maintenir au top pendant 5-6 ans au moins. Très Bien.


Riesling Grand Cru Schlossberg Cuvée Sainte Catherine 2002 – Domaine Weinbach : La robe est pus pâle avec des reflets verts. Le nez est parfumé, avec des notes florales et un peu de pierre à fusil, très complexe. La bouche est fine, dense et très pure, avec une acidité mure qui n’agresse pas et beaucoup de chaire. La sapidité est très grande, et malgré la complexité du vin, on a envie de boire toute la bouteille au goulot ! L’équilibre très aérien et la grande pureté de ce vin en font un modèle pour le millésime 2002. Un vin stratosphérique, archétype du grand riesling alsacien sur terroir granitique. Excellent, voir plus.


Le saumon frais et les agrumes appellent les deux vins, dans un équilibre sur la fraîcheur qui met bien en valeur ces deux rieslings 2002.


Les choses sérieuses suivent avec des noix de Saint-Jacques poêlées accompagnées de risotto, de purée de potiron et d’un beurre blanc préparé au bourgogne.


Riesling Clos Sainte Hune 1991 – Trimbach : Le nez est impressionnant, de puissance et de complexité, c’est une grosse claque aux dégustateurs : fleur d’acacia, encaustique, poivre blanc, coquille d’huître, écorce d’orange, la palette des arômes est complexe et très fondue. La bouche est sèche, tendre, dense et très puissante, tout en conservant une bonne finesse. La fin de bouche est un peu courte, c’est ce qui distingue ce vin des autres millésimes actuellement (90, 92, 93, 94). Un vin remarquable, qui n’a rien à voir avec les trois premières bouteilles bues qui se montraient inhabituellement pétrolées. Excellent


Riesling Grand Cru Brand SAMAIN 1991 – Josmeyer : La robe est jaune citron. Le nez est parfumé et complexe, avec des notes de miel, d’encaustique, de verveine et de truffe blanche. La bouche est minérale, fondue avec un léger moelleux. A nouveau l’acidité est présente mais se fait discrète car fondue. Cette cuvée SAMAIN récoltée un peu en surmaturité atteint son apogée, et donne une impression d’élégance remarquable. Excellent.


Riesling Rosenberg « Cuvée Pauline » 1991 – Albert Mann : Le nez est parfumé, mur et un peu évolué, mélangeant du miel et des agrumes. La bouche est minérale, assez vive avec une pointe de gaz, et revient sur les agrumes en finale. L’équilibre est à nouveau presque demi-sec et fondu, mais le sucre et l’acide semblent un peu dissociés. Un vin à attendre encore pour qu’il atteigne le nirvana ? Très Bien


Les 91 passent très bien sur la sauce crémée des Saint-Jacques, et Sainte Hune ou pas, le sucre résiduel n’a aucune incidence sur la perception de l’accord. Trois belles cuvées encore très jeunes de ce millésime difficile.


Les fromages variés permettent d’accompagner (discrètement) deux bourgognes rouges à maturité.


Pommard 1er Cru Les Epenots 1983 – Joseph Voillot : la robe est claire, rouge grenat très brillant, avec des bords qui tuilent. Le nez est parfumé, sur des arômes fruités de cerise et de framboise, puis des notes d’humus, de cuir, de sous-bois. La bouche est souple, fruitée et fondue, avec une forte présence de notes fumées et de réglisse en milieu de bouche qui marquent le terroir de ce vin, mais déséquilibrent un peu l’ensemble. Un vin à réserver à des plats corsés, malgré le fondu des vins du domaine. Très Bien.


Volnay 1er Cru Caillerets 1953 – Henri Boillot : La robe est rouge cerise, assez brillante. Le nez est un peu vieux et nécessite de l’aération, passant de notes terreuses et de croûte de fromage à des arômes plus subtils de cuir, de fumée, d’olive noire et de viande séchée (qui rappellent certains vins du Rhône Nord… ce bourgogne est-il hermitagé ???). La bouche est délicate, souple et assez fluide, sur des notes de cerise en finale. L’ensemble se goûte admirablement bien mais le vin parait tout de même fragile. Un tour de force pour un vin de 52 ans ! Très Bien


Enfin sur la tarte chaude aux pommes on termine sur deux vins moelleux :


Gewurztraminer Grand Cru Mambourg Sélection de Grains Nobles 1998  – Marc Tempé : La robe est jaune doré, foncé. Le nez est riche et très mur, évoque les fruits jaunes, mirabelle, abricot, le pralin et le miel. La bouche est liquoreuse, ronde, grasse et moyennement acide, avec des notes de miel, de chocolat et de menthe. Un vin extrême dans l’extraction du fruit, qui se boit très bien en ce moment. La cuvée « S » issue de vielles vignes et élevée sous bois neuf se goûte un peu moins bien en ce moment. Excellent.


Gaillac Doux les Gravels 2001 – Domaine Rotier : la robe est jaune citron pâle. Le nez est parfumé, asperge, coing, jeune. La bouche est moelleuse, assez vive, équilibrée malgré la jeunesse, avec un botrytis présent et une belle fraîcheur. Seule la finale est un peu courte. Un vin plaisant et bien fait, bon rapport Qualité Prix (6.5€), à attendre un peu. Très Bien


Une belle soirée en bonne compagnie, avec de grands vins d’Alsace et de Bourgogne. La vie est belle !


Thierry Meyer